MAIGRITUDE
Je vais certainement faire grincer des dents avec ce billet mais tant pis. Je vais vous parler de mon physique aujourd’hui.
Je suis mince, que dis-je ultra mince, genre 1m69 pour 48kg. Le maximum que j’ai pesé c’est 59kg quand j’étais enceinte de mes boys et j’ai pris 11kg en plus à chaque fois (même pas capable de dépasser les 60kg !!). Je tiens ça de mon père et de mes grand-pères, tous secs comme des haricots verts. Je peux manger tout ce que je veux, je réussis juste à prendre du ventre. Alors pourquoi vient-elle nous parler de ses problèmes qui n’en sont pas, direz-vous ?
Parce que la semaine dernière en zappant, mon chéri est tombé sur une émission qui parlait du mannequinat et de l’anorexie, et que ça m’a amené à quelques réflexions sur moi-même.
Il y avait un monsieur très connu dans le milieu de la mode (impossible de retrouver son nom) qui disait qu’on faisait un faux procès au monde de la mode sur l’anorexie. Pour lui les mannequins (enfin celles qui en sont dignes) sont des filles naturellement minces, qui ont une morphologie longiligne sans faire aucun effort. Il prenait l’exemple de Stella Tennant (la dame sur le coté-là), longtemps égérie de Chanel, qui après 4 enfants, a toujours la même silhouette fil de fer. Je dois dire que c’est le même style de physique que le mien, très mince, certains disent maigre. Et comme moi, elle doit avoir du mal à accepter qu’on lui dise qu’elle est maigre. Moi ça me vexe quand on me le dit, je trouve ça insultant parce que cela sous entend qu’on le fait exprès. (Étrange d’ailleurs ce décalage entre la vision qu’on a de soi dans le miroir, et la réalité à travers une photo par exemple. C’est toujours une re-découverte)
J’ai entendu un peu tout et n’importe quoi autour de moi sur mon physique. Avant que j’ai des enfants, on m’a dit « tu verras tu vas grossir aussi quand tu auras des enfants ». Deux enfants plus tard, et non, même au contraire, j’ai du faire des efforts pour regrossir après bb-lune. Dernièrement j’ai même entendu d’une collègue « oh t’es trop maigre, on dirait un cadavre ». J’étais enchantée, c’est un genre de remarque très constructif, mais le cadavre a une santé de cheval en plus ! Mais celui que j’ai le plus aimé date du collège. Une fille de ma classe m’avait dit que je ressemblais à une fille du tiers-monde, toute maigre avec un petit bidon. Si les enfants qui meurent de faim l’avaient entendu, je pense qu’ils auraient beaucoup apprécié…
Bien sur quand je répète les remarques que j’entends à chéribibi, il me dit que c’est des jalouses. Mais je ne suis pas même pas sure de ça.
J’ai juste l’impression de ne pas répondre à l’obsession de normalité qui règne dans le monde actuel. Il ne faut pas être trop maigre, pas trop gros, il faut plaire à tout le monde. On est tout de suite jugée, catégorisée (autant dire que je suis souvent cantonné au rôle d’anorexique ou d’obsédée du régime, jusqu’à ce qu’on me voit manger…). Au fil du temps on fait avec, mais même quand on essaye de s’en ficher, il reste un petit truc, vous savez, ce petit truc qui fait qu’on voudrait que tout le monde nous aime…
Mais je me dis aussi que j’ai de la chance d’être bien dans ma vie et dans ma tête, et d’être finalement du « bon coté » de l’excès, parce qu’au contraire quand on est mal à l’aise, seul et sans soutien, le regard des autres peut être dévastateur.