CHASSE A COUR INTERDITE
Il paraitrait que le lieu de travail est un des principaux lieux de rencontre pour un couple. Il y a même un sociologue qui a inventé la « loi cupidon », une sorte d’équation des relations intimes entre collègues en fonction de l’ancienneté et du nombre d’employés (avec des chiffres assez édifiants d’ailleurs, voir l'excellent article de libé pour faire le calcul de votre entreprise).
Si je regarde autour de moi, je dois en conclure que ce n’est pas tout à fait faux, et que je dois être une des exceptions qui confirment la règle. Je n’ai jamais eu, je dis bien JAMAIS, de relations amoureuses avec un collègue. Et pourtant…
Pourtant j’ai commencé à travailler à 20 ans, nous étions environ 30. Nous sommes 7 fois plus nombreux aujourd’hui (je suis toujours dans la même entreprise). Il fut une période où tout le monde se connaissait, la moyenne d’âge était de 30 ans (moyenne un peu tronquée par 3-4 cinquantenaires), il y avait des sorties, des fêtes quasiment toutes les semaines. Et pourtant, rien, nada, jamais eu envie de bisouiller, même pas de flirter avec des collègues. C’était totalement incompatible, plutôt rédhibitoire même. Alors je suis peut-être psychorigide, une fille avec trop de principes moraux d’un autre âge, mais vraiment je n’ai jamais eu envie de dépasser le stade de relations de travail.
En fait c’est quelque chose que je ne comprends pas du tout, ce besoin de chasser sur son lieu de travail. On en a quelques uns comme ça dans la société, des serial killer lover. Ils ne sortent qu’avec des collègues (et ce n’est pas arrivé une fois, mais 5, 7,10 fois). Leur terrain de chasse, c’est le bureau. Certains se sont mêmes mariés (au minimum 3 couples officiels). Je plains leurs femmes. Ca me ferait peur de savoir que mon homme est sorti avec des filles que je côtoie tous les jours, et surtout, pourquoi ne recommencerait-il pas ? Après tout des nouvelles collègues, il en arrive tous les mois ou presque.
Et je ne vous parle pas de ceux qui ont des relations extraconjugales au travail ! Non je ne vous en parle pas, parce que c’est moche !
Sinon ça a du bon aussi. Ca alimente les rumeurs, les cancans entre copines. Nous avions surnommé notre entreprise Santa-Blabla, à un certain moment, tellement les couples se faisaient et se défaisaient. C’était vraiment drôle, et j’avais des copines impliquées dans des love-affaires. Ca le fut moins quand il a fallu les consoler…
Et moi la dedans, vous demandez vous bande de curieuses ? Avec le recul de mon grand âge et les langues qui se délient, je sais que les occasions n’ont pas manquées. Un soir j’ai même trouvé une lettre d’amour dans mon manteau, en anglais s’il vous plait. J’ai reçu des fleurs pour la St Valentin, pour mon anniversaire (toujours du même), ça m’a gêné plus qu’autre chose.
J’ai été invitée à des déjeuners sur des prétextes professionnels qui ne l’étaient pas trop, avec mon supérieur pour entremetteur (incroyable quand j’y pense). Là ce n’était pas un collègue, mais un consultant externe (avec lequel il y aurait eu un beau conflit d’intérêt s’il s’était passé quelque chose). Il y a eu des comportements explicites que j’ai ignorés.
J’ai même été élue plus joli physique du bureau lors d’un sondage totalement absurde et partial d’une collègue marieuse (mais très bon pour mon égo !). J’ai eu des tas d’amies-collègues qui ne comprenaient pas du tout ma politique. Pour elles, le bureau était le lieu parfait pour trouver son chéri, et elles s’en donnaient du mal ! Je trouvais (et trouve toujours) ça dérangeant. Je suis certainement trop fleur-bleue culcul gnangnan ou terriblement pessimiste, mais l’idée de devoir croiser un ex tous les jours à la machine à café, je n’aurais jamais pu !
Au final, c’est tout de même par le biais du travail que j’ai rencontré ma moitié d’orange, puisque c’est une collègue qui a permis notre rencontre (chéribibi est ami avec son petit ami devenu son mari depuis lors, ils avaient organisé une soirée, vous avez suivi ?). Mais pas de risque que je le croise au détour d’un couloir !
Et vous, racontez-moi…