LE CHANT DU CYGNE NOIR AU CREPUSCULE AU FOND DES BOIS
L'éducation d'un enfant, et plus particulièrement du premier enfant, n'est qu'un long chemin de croix, pavé de pièges, de chausse-trappes et de roses empoisonnées. Il n'y a rien d'amour, gloire et beauté là dedans.
Bien sur nous sommes en adoration devant ce petit être parfait, que l'on enverrait bien valser à travers la fenêtre du rez-de-chaussée lorsqu'il nous réveille pour la 4e fois de la nuit pour je-ne-sais-quelle-raison-idiote. Bien sur, nous ne nous sommes jamais dit qu'élever un enfant serait aussi facile que le claironne bidule Pernoud/Ruffo/Antier et qu'il suffirait de se reporter à la page 13 lorsqu'il aurait des coliques, page 89 lors de la "fameuse" crise des 9 mois (ah si, tu l'as cru ? je te rassure, tout le monde veut y croire). Bien sur...
Il n'empêche que lorsque votre fils, la prunelle de vos yeux, la chair de votre chair, revient la tête haute avec son deuxième passeport de mauvaise conduite à l'école(même principe que le permis à points) à moitié rempli alors que l'année scolaire arrive enfin, vous vous posez la question "mais où ai-je foiré son éducation ?". Vous êtes convoqués par la maitresse et directrice de l'école pour la Xe fois de l'année, et c'est un peu vos souliers d'écolier que vous chaussez lorsque vous y aller. Vous arrivez en serrant les fesses, en remerciant le ciel que notre cher président n'est pas appliquée son projet de prévention de marquage au fer rouge délinquance puérile, sachant déjà par coeur la longue liste de griefs qui vous attend. Il ne respecte pas les consignes, il répond vertement, il rêve au lieu de travailler, il perturbe ses camarades, il ne se sent pas concerné par les règles de l'école, il réagit trop brutalement. Une vraie tête de bois de pioche, brûlée qui plus est.
Mais le pire dans tout ça, c'est que vous ne savez pas quoi faire pour y remédier. Brimades, punitions, sévérité, carottes en tout genre, j'ai l'impression d'avoir tout essayer mais rien n'y fait. Il ne retient rien des précedentes leçons de discipline, tout en travaillant très bien. Et le fait est qu'il est dans la ligne de mire de la maitresse, et plus généralement de tous les instituteurs de l'école. Rien ne lui est pardonné. Il restera fiché comme "élément perturbateur". La délation par ses petits camarades, c'est un peu à qui mieux mieux, tellement facile puisqu'avec -15 points au compteur, c'est Petit Soleil qui aura tort forcément. Tellement facile de l'énerver puisqu'il est susceptible au plus haut point, ses petits copains n'ont qu'à le titiller légèrement pour qu'il explose littéralement. Tellement facile de le bannir de toutes les sorties à venir de l'école, sous prétexte qu'il n'est vraiment pas sortable. Tellement facile de glisser de perfides remarques humiliantes pour lui comme pour nous, qui nous reviendront aux oreilles. A côté de ça, sa gentillesse, sa franchise, sa spontanéité, sa générosité, son empathie, son enthousiasme, ne sont jamais mis en avant. Ah merde, ce ne sont pas des qualités de mouton, j'oublie toujours !
Ce billet n'a pas vocation à me plaindre, juste à déverser ce trop-plein de rancoeur contre une école,et une société,où les écoliers doivent être des images d'Epinal, pas geignardes, pas bravaches. Si mon fils est comme il est, c'est forcément parce que je/nous l'avons mal élevé. Nous sommes trop laxistes/cons/communistes. Et bien nous sommes comme notre fils...
PS: Je ne cherche pas de conseils ou témoignages, encore moins l'idée d'aller voir des psy. La maitresse pour l'avoir vu plus qu'il ne faut, je l'ai autant labellisé qu'elle l'a fait pour Petit-Soleil (CQFD)