MERE SECOUEE, A AGITEE
Chéribibi est un torturé, un angoissé de première, qui aime beaucoup partager ses anxiétés avec ses proches. Dans mon genre, je suis une fille plutôt inquiète aussi, mais je fais trinquer mes ongles, et mon estomac, sans faire suer mon monde (j’suis plus royale comme personne "never complain, never explain").
Mais là je peux vous dire que nous sommes des petits joueurs à côté de notre fils ainé !
Il nous a réveillé cette nuit à 3h du matin. Un gémissement, un appel « papaaa », une quinte de toux, ma tête ne bouge pas de l’oreiller, Chéribibi se redresse déjà (c’est le premier qui se lève qu’y va). Une deuxième quinte de toux, un deuxième appel déchirant, Chéribibi a bondi dans ses chaussons de papa poule. Ma tête est toujours sur l’oreiller, je croise mentalement les doigts pour que l’appel du père suffise. Des pleurs, nouvelle quinte de toux, re-pleurs, entrecoupé de « j’étouffe » : loupé, on va m’appeler à la rescousse dans 30 secondes. Je me lève par anticipation, et file dans la chambre de Petit Soleil sur la pointe des pieds (c’est froid le carrelage). Quinte de toux, il respire comme un phoque, et le père et le fils semblent affolés à l’unisson.
Je vais chercher un verre d’eau à la cuisine pour mon fils. En revenant, Chéribibi accompagne Petit Soleil aux toilettes, persuadé qu’il va vomir. Bifurcation vers la salle de bains à mi-chemin vu l’urgence de la situation.
Petit soleil crie, pleure, suffoque, entre 2 quintes de toux. Il se tient la gorge en essayant de nous faire comprendre que quelque chose le gêne. Chéribibi essaye de le calmer, lui dit de respirer par le nez. Ca ne marche pas vraiment. Parfois quelques « Au secours », « A l’aide », « J’étouffe », « Faites quelque chose », « j’ai maaaal » s’échappent de la bouche enfantine.
Je pense
crise d’asthme
ingurgitation de corps étranger
coqueluche aigue, ça existe ?
Je vais vérifier dans le lit de mon fils qu’il n’y a pas d’œil de peluche qui manque, qu’il n’y a pas de lego qui traine. Je ne sais même pas ce que je cherche au juste. Je reviens à la salle de bains, Petit soleil est toujours affolé, se tenant la gorge. Je lui ai ramené un verre de jus d’orange frais pour calmer sa gorge. Il ne sait que nous dire « mais comment tu veux que je boive quand je pleure ». Bon s’il râle c’est qu’il va mieux.
Chéribibi arrive habillé, le carnet de santé à la main, je lui demande s’il pense aller aux urgences. Il y pense effectivement. Je prends Petit soleil sur mes genoux, le cajole, lui demande d’essayer de boire tout de même. C’est toujours difficile d’avoir une conversation, mais par bribes, je comprends qu’il a mal à la gorge quand il tousse uniquement, qu’il n’avait pas de lego dans son lit. Légèrement calmé et un peu raisonné (apparemment il ne va pas devenir bleu dans les minutes qui suivent), je vais chercher un peu de sirop pour la gorge, une dose d’Advil, le médicament rose qui soigne tout.
5 minutes plus tard, l’agonie de Petit Soleil est terminée, nous pouvons nous recoucher (me rendormir, il ne faut pas rêver, pas avec un Chéribibi qui se tourne et retourne juste à coté)
Ce n’est que le 3e réveil nocturne pour cause de mort instantanée ou presque.
Après une vocation (déjà avortée) de musicien, je pense qu’en tant que footballeur italien, ou acteur dans une série médicale, une belle carrière s’offre à lui. Nous le supporterons malgré nos cheveux prématurément blanchis et notre 27e alerte cardiaque.